Qu’est-ce que la dépression saisonnière ?
La dépression saisonnière, ou trouble affectif saisonnier (TAS), est un trouble de l’humeur caractérisé par des symptômes dépressifs survenant habituellement lors de changements saisonniers. Dans le DMS-5, le caractère saisonnier est un spécificateur pour décrire certaines sous-populations de patients atteints de troubles dépressifs majeurs récurrents ou d’un trouble bipolaire, lorsque les symptômes dépressifs présentent, à plusieurs reprises, un caractère saisonnier, généralement sous forme d’une survenue en automne-hiver, lorsque les heures d’ensoleillements diminuent, avec une amélioration lorsque la saison est terminée.
Les hypothèses concernant le mécanisme du caractère saisonnier impliquent chez les personnes affectées une augmentation de la production de la mélatonine, une baisse des taux de sérotonine, et un dérèglement de l’horloge interne . Les recherches indiquent une composante génétique pour le TAS. La validité et les caractéristiques particulières de ce sous-type de dépression viennent d’être confirmées dans une étude de cohorte prospective, avec une méthodologie reposant non pas sur des questionnaires mais incluant des entretiens cliniques standardisés.
Une variante de ce trouble pourrait apparaître au printemps et dans ce cas, le manque de luminosité n’est plus en cause. Le patient se déprime (anxiété, insomnie, manque d’appétit) en voyant son entourage profiter des beaux jours qui reviennent tandis que lui-même éprouve un sentiment de solitude rémanent. Les variations saisonnières des troubles de l’humeur peuvent aller d’une simple déprime (« blues hivernal ») jusqu’à un véritable syndrome dépressif.
Signes et symptômes
Ces troubles saisonniers et leur traitement, la luminothérapie, ont été décrits et publiés pour la première fois par le docteur Norman E. Rosenthal. Certains symptômes de la dépression saisonnière hivernale sont similaires à ceux de la dépression « standard ». Ainsi, la diminution d’énergie, la perte d’intérêt, l’isolement et la diminution de la libido peuvent apparaître. Cependant, des symptômes « atypiques » caractérisent cette maladie : principalement une hypersomnie, c’est-à-dire un temps de sommeil élevé et une constante somnolence, un niveau d’énergie réduit et une prise de poids causée par une envie accrue pour les sucres (hydrates de carbone). En conséquence, des effets secondaires peuvent apparaître comme une diminution d’intérêt professionnel et relationnel, une baisse de la libido, un sentiment de tristesse et de lourdeur accompagné d’anxiété et d’une diminution de l’estime de soi.
Les Causes de La dépression Saisonnière
Pour l’instant l’origine de ce syndrome saisonnier est inconnue. Il existe cependant plusieurs hypothèses, dont la diminution de la photopériode, la génétique, un dérèglement neurochimique, etc. L’altération du cycle circadien est l’une des interprétations les plus fréquemment retrouvées dans la littérature scientifique. En effet, de plus en plus d’études se penchent sur l’influence de la lumière qui corrigerait le délai de phase noté dans plusieurs rythmes circadiens tels que celui de la température corporelle et de la mélatonine.
Étant liée à la chronobiologie, la dépression saisonnière implique l’altération des rythmes circadiens intrinsèques qui régulent une multitude de mécanismes et de réactions cellulaires. Le maître d’œuvre de ce système est le noyau suprachiasmatique situé dans l’hypothalamus antérieur. Ce chef d’orchestre a la capacité de se synchroniser avec les facteurs exogènes comme l’alternance entre jour et nuit, pour ensuite transmettre ce rythme aux horloges périphériques à travers le corps. La corrélation entre les cycles circadiens et la dépression saisonnière s’exprime par le raccourcissement de la photopériode qui se déroule autour de l’automne et de l’hiver.
Plusieurs observations concernant ce sous-type de dépression restent non expliquées et font l’objet de multiples recherches et débats, par exemple le fait que les femmes en période de pré ménopause semblent les plus affectées.
On remarque également durant les journées d’hiver une augmentation de la durée de la phase de production de mélatonine. Puisque la sérotonine est le précurseur de la mélatonine, le taux de sérotonine disponible pour le système sérotoninergique fluctue à la baisse, ce qui a pour conséquence de modifier entre autres le sommeil, l’humeur et l’appétit, tous des symptômes typiques de la dépression.
Les Traitements
La luminothérapie est un traitement scientifiquement reconnu et approuvé comme étant le traitement de choix pour traiter le trouble affectif saisonnier. La luminothérapie consiste à s’exposer de façon quotidienne à une source artificielle de lumière qui doit être supérieure à 2 000 lux pour agir efficacement. Les symptômes de TAS s’améliorent davantage avec une intensité lumineuse forte (≥ 2 000 lux) par rapport à une faible intensité (≤ 500 lux) ou comparativement à un placebo. Le standard cliniquement recommandé est une exposition lumineuse à 10 000 lux, au niveau des yeux, d’une durée de 30 minutes à une distance d’environ 50 cm. Les effets secondaires de la luminothérapie sont rares et plutôt faibles, surtout comparativement à l’administration d’antidépresseurs, mais certaines personnes peuvent souffrir de maux de tête, de l’insomnie, de la sécheresse oculaire, de l’agitation et parfois des nausées.
Chez les individus souffrant de TAS, l’utilisation de ce traitement se fait généralement dès le début des symptômes, vers septembre ou octobre, jusqu’au printemps. Certaines personnes peuvent également en ressentir le besoin à l’été lors de périodes nuageuses ou pluvieuses. Il est également recommandé de faire le traitement le matin plutôt que le soir. Cependant, le moment de la journée demeure un sujet controversé puisque certaines études n’ont pas trouvé de différences entre ces deux moments d’utilisation, ou ont trouvé que la combinaison des deux moments d’exposition était supérieure à une simple exposition matinale. Une augmentation des effets bénéfiques a également été observée en combinant la luminothérapie à la thérapie cognitive-comportementale, à un antidépresseur ou encore à des exercices physiques et à la privation de sommeil. Jusqu’à présent, le mécanisme d’action de la luminothérapie n’est pas complètement compris, mais une récente étude menée par le Dr Marc Hébert du Centre de Recherche Université Laval Robert-Giffard à Québec suggère une première preuve biologique (rétinienne) de la luminothérapie après quatre semaines d’utilisation chez un groupe de patients atteints de TAS comparativement à un groupe contrôle. Ces résultats prometteurs apportent une lumière nouvelle sur les études à venir dans le domaine.
Depuis 2008, un protocole (en 12 étapes) de traitement du trouble affectif saisonnier (TAS) selon la thérapie cognitivo- comportementale fut publié par la docteure K.J. Rohan.