Dyscalculie

Qu’est-ce que le Dyscalculie ?

La dyscalculie est un trouble spécifique du développement (tel que la dyslexie, la dyspraxie, la dysorthographie, la dysgraphie, etc. parfois nommés troubles dys-). Elle correspond à un trouble sévère dans les apprentissages numériques, sans atteinte organique, sans troubles envahissants du développement et sans déficience mentale. Des élèves peuvent toutefois rencontrer des difficultés en mathématiques sans présenter de dyscalculie : c’est pourquoi il est important de différencier les difficultés transitoires de l’apprentissage de troubles plus durables.

Les Causes

Il est présentement impossible de déterminer si la dyscalculie vient d’un trouble primaire (ou inné) dans le traitement des quantités, ou bien au contraire d’un trouble secondaire lié à la mémoire et au langage.

Les recherches continuent pour trouver les causes de la dyscalculie et elles s’appliquent à plusieurs domaines, entre autres :

  • un sous-type de dyscalculie développementale pourrait provenir d’un trouble primaire dans la représentation et la manipulation approximative des quantités (les numérosités) permettant des activités d’estimation et de comparaison de ces numérosités ; aptitudes qui sont à la base du « sens des nombres ». C’est l’hypothèse de Dehaene et son équipe, présentée dans la section ci-dessus ;
  • la dyscalculie peut provenir de lésions du gyrus supramarginal et du gyrus angulaire à la jonction entre le lobe temporal et le lobe pariétal du cortex cérébral;
  • des déficiences de la mémoire de travail : Adams et Hitch expliquent que la mémoire de travail est un élément important pour le calcul mental. Sur cette base, Geary réalisa une étude qui suggère que ceux qui souffrent de dyscalculie ont une déficience de la mémoire de travail. Cependant, les problèmes liés à la mémoire de travail se confondent avec des difficultés d’apprentissage plus générales. Autrement dit, les conclusions de Geary peuvent ne pas être spécifiques à la dyscalculie mais peuvent aussi refléter un trouble d’apprentissage plus général.

D’autres causes possibles :

  • une mémoire à court terme dérangée ou réduite, rendant difficile de se souvenir des calculs ;
  • d’origine congénitale ou héréditaires. Des études laissent à penser son existence, cependant, il n’y a pas encore de preuve concrète.

Le syndrome de Gerstmann : la dyscalculie est l’un des nombreux symptômes observés à la suite de lésions du gyrus angulaire. Le sillon intrapariétal peut aussi être impliqué.

Les personnes dyscalculiques souffrent souvent, mais pas toujours, de difficultés pour manipuler les dates, les heures, les mesures ou pour raisonner dans l’espace. Bien que certains chercheurs soutiennent que la dyscalculie implique nécessairement à la fois des difficultés de raisonnement mathématique et des difficultés avec les opérations arithmétiques, des travaux (en particulier auprès de personnes ayant un cerveau lésé) ont prouvé que les capacités en arithmétique (c’est-à-dire le calcul et la mémoire des nombres) et en mathématiques (raisonnement abstrait avec des nombres) peuvent être dissociées. En effet, une personne peut souffrir d’un côté de difficultés en calcul (ou de dyscalculie) et d’un autre côté n’avoir aucune déficience (voire parfois même des habiletés) pour le raisonnement mathématique.

Diagnostic

La dyscalculie peut être détectée à un jeune âge et des mesures peuvent être prises pour atténuer les problèmes rencontrés par les jeunes élèves. Le principal problème est de trouver la bonne façon d’enseigner les mathématiques à ces enfants. De même que la dyslexie peut voir ses symptômes atténués en utilisant une méthode d’enseignement légèrement différente, la même approche peut être utilisée pour la dyscalculie. Toutefois, la dyscalculie est le moins connu des troubles d’apprentissage et souvent elle n’est pas repérée et reconnue.

Au Québec, selon la loi 90, la capacité de poser un diagnostic est strictement réservée aux médecins. Cependant, ce trouble peut être évalué et rééduqué par des orthophonistes et des neuropsychologues. L’évaluation va pouvoir démontrer l’hypothèse diagnostique de dyscalculie chez la personne et cette évaluation pourrait aider les médecins à poser leur diagnostic. Une prise en charge précoce permettra de pallier les difficultés de la personne, ce qui favorisera une meilleure insertion au quotidien (et notamment à l’école et au moment de son orientation).

Symptômes possibles

  • Difficultés fréquentes en arithmétique, confusion entre les signes : +, -, /, ÷ et ×, difficultés avec les tables de multiplication, de soustraction, d’addition, de division, en calcul mental, etc.
  • Difficultés dans les tâches quotidiennes comme vérifier sa monnaie et lire l’heure sur une montre analogique.
  • Incapacité à comprendre une planification financière ou budgétaire, parfois même au niveau le plus basique, comme pour estimer le montant total d’un panier d’articles ou faire la balance de ses comptes.
  • Peut être assez bon dans des matières comme la physique ou la géométrie, qui exigent de la logique plutôt que des formules, jusqu’au moment où il faut faire des calculs.
  • Difficultés à comprendre le concept du temps et à estimer le temps qui passe. Peut être souvent en retard ou en avance.
  • Problèmes spécifiques à distinguer sa droite de sa gauche.
  • Peut être très bon dans le domaine de l’écriture. De nombreux auteurs et journalistes vivent avec ce trouble.
  • Difficultés à naviguer ou à « tourner » mentalement la carte pour suivre la direction actuelle plutôt que l’usage habituel où le nord = le haut.
  • Peut avoir certaines difficultés à estimer mentalement les dimensions d’un objet ou une distance (par exemple, si quelque chose est entre 3 et 6 mètres de distance).
  • Souvent incapable de saisir ou de se rappeler les concepts, règles, formules ou raisonnements mathématiques malgré de nombreuses révisions.
  • Difficulté à lire un plan détaillé d’un objet à monter ou à construire soi-même.
  • Incapacité à lire une suite de nombres, ou peut l’inverser lorsqu’il le répète, comme de dire 56 au lieu de 65.
  • Incapacité à se remémorer les numéros de téléphone sans inverser des chiffres. Peut souvent s’y reprendre à plusieurs fois avant d’arriver à composer un numéro de téléphone dans l’ordre correct.
  • Difficulté à remplir un chèque en raison de l’ordre imposé et doit souvent s’y reprendre une ou plusieurs fois.
  • Difficulté à écrire avec exactitude, sur un cahier ou une feuille, une formule mathématique écrite sur un tableau, ce qui peut causer des retards et une lenteur à l’école.
  • Difficulté dans des domaines nécessitant un traitement séquentiel. Du niveau concret (comme des pas de danse ou un autre sport) au niveau abstrait (énoncer les choses dans le bon ordre). Ils peuvent avoir aussi des difficultés même avec une calculatrice à cause de difficultés dans le processus de saisie de l’expression mathématique.
  • La dyscalculie peut conduire dans des cas extrêmes à une phobie ou une angoisse durable des mathématiques et de ce qui y est lié.
  • La dyscalculie peut angoisser car la notion du temps est assez erronée.
  • Problèmes avec les grands nombres, les unités, dizaines, centaines…
  • Faible inhibition latente, autrement dit plus de sensibilité aux bruits, aux odeurs, à la lumière et incapacité à faire la sourde oreille, à filtrer les informations et impressions non désirées. Peut avoir une imagination très développée à cause de cela (peut-être à titre de compensation cognitive de la déficience en calcul).
  • Difficultés fréquentes de calcul de notes ou de moyennes lors de résultats scolaires.

Traitements

Il existe peu d’études rapportant les effets d’interventions auprès d’enfants dyscalculiques. Trundley (1998) étudia l’impact d’interventions individuelles auprès d’enfants en difficulté en arithmétique. À raison d’une séance individuelle de 20 minutes par semaine, le professeur renforçait leurs habiletés de comptage, faisait réviser les faits arithmétiques déjà connus aux enfants en difficulté. Après 5 mois, il observa une augmentation importante du nombre de faits arithmétiques connus et une diversification des procédures de comptage.

Des programmes individuels s’adressant à des enfants dyscalculiques ont été testés avec succès en Australie (Wrigth et al. 2000, 2002) et en Angleterre (Dowker, 2001). Ces programmes, qui focalisent leur action sur les aspects des activités numériques les plus déficitaires des enfants, se sont avérés efficaces.

Un logiciel gratuit destiné à atténuer la dyscalculie a été développé par l’INSERM-CEA. Il s’agit d’entraîner les enfants avec des tâches répétitives, présentées dans un cadre ludique et gratifiant. Une évaluation de ce logiciel de rééducation a été menée auprès de neuf enfants dyscalculiques qui s’exerçaient à raison d’une demi-heure par jour pendant cinq semaines. Les enfants ont amélioré leurs performances dans les tâches numériques de subitisation, de comparaison de chiffres, de nuages de points et dans la soustraction (A. Wilson, 2005).

Infos par Tél
Infos E-mail
%d blogueurs aiment cette page :