Trouble bipolaire

Trouble bipolaire

Le trouble bipolaire (anciennement maniaco-dépressif ou psychose) est un « trouble de l’humeur » psychiatrique caractérisé par une succession d’épisodes maniaques (ou hypomaniaques) et dépressifs.
Le nom de l’American Psychiatric Association a été officiellement publié dans la 3e édition du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux depuis 1980 et a été adopté par la Classification internationale des maladies de l’OMS en 1992.
Une interaction de facteurs biologiques, génétiques et environnementaux peut expliquer le développement du trouble bipolaire. Les symptômes peuvent être plus ou moins graves et peuvent être traités de diverses manières, mais un diagnostic correct peut prendre des années. La prévalence du trouble bipolaire varie d’environ 1 à 1 dans les populations européennes, asiatiques et américaines estimée à 2%. Ils affectent les femmes et les hommes de la même manière et sont associés à un risque de suicide plus élevé.
Depuis 2015, le 30 mars est la journée mondiale des bipolaires.

Définition psychiatrique actuelle

En psychiatrie, le terme « trouble bipolaire » est destiné à remplacer l’appellation de « maladie maniaco-dépressive ». La troisième édition du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux de 1980, fait apparaître officiellement le terme, et elle est en rupture avec les classifications habituelles, abandonnant notamment la dichotomie psychose-névrose.

En raison du remplacement de l’appellation précédente en tant que « psychose maniaco-dépressive » (PMD) ou « maladie maniaco-dépressive » (MMD), l’emploi du concept de « bipolarité » est issu de la reformulation, officialisée par le DSM-III, d’un grand nombre de termes descriptifs de troubles mentaux.

Le diagnostic psychiatrique des troubles bipolaires décrit une catégorie de troubles de l’humeur définie par la fluctuation de l’humeur, alternant entre des périodes d’élévation de l’humeur ou d’irritabilité (manie ou dans sa forme moins sévère d’hypomanie), des périodes de dépression et des périodes d’humeur normale et stable (euthymie ou normo thymie).

La cause n’est pas clairement déterminée. Elle associe à la fois des facteurs de vulnérabilité génétique et des facteurs environnementaux. Le traitement des troubles bipolaires repose sur une aide psychologique adaptée au patient et des médicaments psychotropes associés parfois à des antipsychotiques.

La prévalence des troubles bipolaires est estimée à environ 1 à 2 % de la population, en Europe, Asie et Amérique

Signes et symptômes

Lorsque les fluctuations d’humeur dépassent en intensité ou en durée celles de l’humeur normale et qu’elles entraînent des altérations du fonctionnement ou une souffrance, on parle de trouble de l’humeur. Les individus bipolaires connaissent des périodes où leur humeur est excessivement « haute » : il est question d’hypomanie (« hypo- » signifie « moins que » ou « sous ») si l’élévation de l’humeur est relativement modérée (sans délire, hallucination, ni nécessité d’hospitaliser le patient) et d’un état maniaque si elle est très importante ; et des périodes durant lesquelles leur humeur est particulièrement basse, il est alors question d’état dépressif modéré ou sévère.

Ces périodes successives sont dénommées « épisodes » et deux types d’épisodes caractéristiques sont la manie (période d’excitation) et la dépression (période d’abattement) ; le terme « bipolaire » renvoie à ces épisodes de manie (ou hypomanie) et de dépression, qui sont les deux extrêmes (pôles) entre lesquels l’humeur oscille. Entre ces épisodes, les patients vivent des phases inter critiques d’une durée variable. Les épisodes peuvent dans certains cas présenter un rythme saisonnier (en général un épisode dépressif démarrant à l’automne ou en hiver et guérissant au printemps).

Les troubles bipolaires se caractérisent ainsi chez la personne touchée par un vécu intense et persistant dans le temps de certains états affectifs comme la colère, la tristesse ou la joie accompagnés d’une certaine difficulté pour les maîtriser, et de différents symptômes. La fréquence, la durée et l’intensité de ces émotions peuvent varier selon la personne et affecter sa manière de penser et d’agir selon des modes différents. La personne atteinte peut ainsi avoir de la difficulté à remplir ses obligations professionnelles, familiales et sociales.

Les individus atteints de trouble bipolaire montrent des symptômes qui peuvent aussi être parfois confondus avec ceux de la schizophrénie, de la dépression ou du trouble de la personnalité borderline, entre autres.

La période entre la fin de l’adolescence et le début de l’âge adulte est une période clé dans le déclenchement du trouble bipolaire. Il est estimé que celui-ci débute souvent avant 30 ans, et que l’âge moyen d’apparition des premiers symptômes est 25 ans, sachant que le diagnostic et la prise en charge peuvent prendre un certain temps sur plusieurs années.

Épisodes dépressifs

Les signes et symptômes de la phase dépressive du trouble bipolaire comprennent des sentiments persistants de tristesse, d’anxiété, de culpabilité, de colère, d’isolement ou de désespoir ; des troubles du sommeil et de l’appétit ; de la fatigue et des pertes d’intérêt dans les activités ; problèmes de concentration ; solitude, haine envers soi, apathie ou indifférence ; dépersonnalisation ; timidité ; agressivité, souffrance chronique avec ou sans cause apparente ; manque de motivation et incapacité à ressentir du plaisir (anhédonie); et idées suicidaires morbides. Dans certains cas sévères, l’individu peut présenter un délire ou, plus rarement, des hallucinations. Un épisode dépressif majeur peut persévérer au-delà de six mois s’il n’est pas traité.

Épisodes maniaques

La manie est caractérisée par un état dans lequel l’individu présente une humeur élevée ou irritable qui peut être euphorique et qui dure au moins une semaine (moins si une hospitalisation est requise). Des délires, comme chez les individus schizophrènes, peuvent être diagnostiqués et peuvent être de différents types (par exemple sur le thème du complot ou dans le registre mystique, le délire de grandeur est cependant plus fréquent). En phase de manie, l’individu peut faire des gestes dangereux pour lui, en particulier des conduites impulsives (désinhibition), tels que des rapports sexuels non protégés ou l’utilisation de stupéfiants ou d’alcool.

Épisodes hypomaniaques

L’hypomanie, est une forme atténuée de manie, qui n’est pas accompagnée d’éléments psychotiques tels que délire ou hallucination. Lors d’une phase d’hypomanie, les idées s’accélèrent, l’individu ne ressent plus la fatigue ni l’envie de dormir, a tendance à être euphorique, à avoir davantage d’idées, fait des projets, parfois très ambitieux voire irréalistes. Ces phases peuvent varier entre plusieurs heures, et quelques jours consécutifs. Dans certains cas, le sujet peut avoir des pensées mégalomaniaques, et une désinhibition sociale et parfois sexuelle. Les épisodes d’hypomanie sont fréquents dans le trouble bipolaire de type 2, un épisode d’hypomanie et un épisode dépressif étant nécessaires pour le diagnostic.

Épisodes mixtes

Un épisode mixte est un épisode retrouvant des caractéristiques communes à la manie/hypomanie et à la dépression.

Périodes intercritiques

Les périodes inter critiques ou euthymique ou normothymique, anciennement dénommées intervalles libres sont les périodes entre les épisodes maniaques, hypomaniaques, mixtes ou dépressifs du trouble bipolaire. Les patients présentent des symptômes résiduels ou subsyndromaux durant les périodes intercritiques. Ils présentent également des symptômes en relations avec les maladies comorbides (psychiatriques et somatiques), les prodromes, les caractéristiques tempéramentales, et les effets secondaires des médicaments.

Symptômes associés

Un des aspects dramatiques de ce trouble de l’humeur est que, lors de la phase maniaque, l’individu peut se discréditer gravement sur le plan social et professionnel. Une fois la phase de manie passée, lorsqu’il se rend compte de la manière dont il agit, l’individu est souvent accablé ; cela s’ajoute à son sentiment de dépression. Cependant, les troubles peuvent se manifester par de graves troubles du jugement, ainsi altéré ; des biais cognitifs, ou « artefacts cognitifs », peuvent se faire jour, notamment un sentiment de persécution associé à un sentiment de toute-puissance. Dans ces moments, il est important que l’individu atteint de trouble bipolaire ne reste pas seul. Le désespoir peut être intense, le risque de suicide est très fort, l’individu se dévalorise et se juge nul, inutile, éprouve un immense sentiment de honte.

Approximativement 40 à 60% des patients atteints de trouble bipolaire présentent des symptômes de dysfonctions neurocognitives, en période euthymique également (intercritique). Certains de ces déficits cognitifs apparaissent comme présents au début de la maladie, mais aussi dans les stades pré-morbides, avant la déclaration de la maladie. Les domaines les plus touchés sont l’attention, l’apprentissage verbal, la mémoire et les fonctions exécutives. L’intelligence pré-morbide ne semble pas affectée. Les troubles neurocognitifs apparaissent plus notables durant les phases critiques. Les apparentés de patients bipolaires peuvent présenter des troubles neurocognitifs légers. Depuis 2007, il ressort qu’un déficit dans le domaine de la cognition sociale persiste dans les périodes de rémissions.

Certains patients atteints de trouble bipolaire peuvent éprouver des problèmes moteurs pendant leurs épisodes. Ces problèmes touchent jusqu’à 25 % des patients déprimés et jusqu’à 28 % des patients qui traversent un épisode mixte ou maniaque. Ces problèmes moteurs sont appelés « symptômes catatoniques » ou plus simplement catatonie. Ces symptômes varient et peuvent comprendre une agitation extrême, ou au contraire, un ralentissement des mouvements. Parfois, le patient fait des mouvements ou adopte des postures inusités. Il est soit impossible à ralentir, soit impassible au point de refuser d’ouvrir la bouche pour manger, boire ou parler. Sa santé physique est alors gravement menacée. Dans la plupart des cas, un traitement permet d’éliminer les symptômes catatoniques.

Le trouble bipolaire est le trouble psychiatrique avec le plus haut risque de suicide à long terme – de l’ordre de 15 % sur la vie entière, soit trente à soixante fois plus que la population générale. Ce risque fait avant tout suite à la présence d’épisodes dépressifs mixtes ou à la fréquence élevée de comorbidité, comme les troubles anxieux ou l’alcoolodépendance.

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